Face à l'injure homophobe, Gabriel Angel ne veut plus se taire !

« Bonjour à tous,
Je n’ai pas réagi immédiatement, cependant soyez rassurés que je suis bien conscient de l’immense vague de haine homophobe en cours sur ma page Facebook. Il est évident qu’aucune des attaques ne m’atteint. Néanmoins, au non de la lutte contre les LGBTphobies, je ne peux laisser passer. Parce que cela pourrait aussi arriver à des personnes faibles, dans certains cas causant des suicides. Je me mets dès maintenant en contact avec des organismes LGBT afin de voir quelle suite donner à cette vague et je prendrai toutes des dispositions nécessaires. J’ai par le passé été la cible d’attaques et de menaces par des groupuscules d’extrême droite, des islamistes, des cathos intégristes, la frange radicale du mouvement LGBT, ils ne me font pas peur. Ma seule peur est de vieillir. Les religions n’ont jamais prôné la haine alors leurs injures au nom de Jésus, Allah ou de je ne sais quelle excuse ne les emmèneront nulle par d’autre qu’en enfer. En attendant, la justice européenne n’est pas religieuse et c’est d’abord à elle que ces gens devront rendre des comptes. Merci à ceux qui prennent notre défense dans les commentaires, la haine ne l’emportera jamais. cette vague n’est que la preuve que les Prides doivent continuer d’exister et je terminerai donc par une grosse pensée à la communauté LGBT hongroise suite à l’interdiction de la Pride de Budapest. PAIX, AMOUR, ÉGALITÉ ET LIBERTÉ PPOUR TOUS »
Posté sur X le 24 mai, ce communiqué émane de Valentin Evol, alias la porn star gay française Gabriel Angel. Alors qu'il n'avait plus tourné depuis huit ans, il a fait son comeback au sein du label belge Diable X : il a une scène avec Leo Fox dans Guillaume Wayne fournisseur de plaisir récemment diffusé sur PinkX.
- Photos : Guillaume Wayne fournisseur de plaisir / DiableX.
En allant sur son compte Facebook, on découvre qu'il était il y a 10 jours à la Pride de Bruxelles. Alors qu'il défilait avec des amis - dont le réalisateur et producteur de Diable X Loïc Barnier -, c'est sa tenue originale et sexy qui provoque un torrent de haine.
-Photos : Valentin Evol
Une haine qui est bien sûr sensée faire naître un sentiment de culpabilité, d’indignité, d’infériorité. Voici quelques exemples de commentaires qu’on peut répartir en cinq catégories. Dans les trois premières, nous nous sentons impuissants à faire changer des opinions si arrêtées. Aucun dialogue ne nous semble possible…
« Les enfants de Satan »
« Le monde est devenu dégoûtant, lisez l’histoire du peuple de Loth, Seigneur, nous te demandons ta bonté »
« Voilà la vraie raison de soutenir Trump »
« Je suis du côté de sont excellence Monsieur VLADIMIR POUTINE ✋🏾✋🏾✋🏾 . JE COMPRENDS MAINTENANT POURQUOI »
« Dégénéré »
« C’est de la déchéance et de la perversion… C’est nos enfants qui doivent subir ça… La honte à la Belgique de laisser ce produire des manifestations qui ne servent à rien. »
Dans les deux catégories suivantes, qui impliquent expressément ou probablement des gays, nous allons essayer d'argumenter et de convaincre…
« Acteur porno sans oublier manif pour tous j'ai juste envie de v****. Une honte 😆 »
L’auteur de ce commentaire est-il lui même gay ? Il est au courant des activité porno de Valentin Evol tout en le déconsidérant pour cette première raison. On se plaît à renvoyer à notre article anti-pornophobie où les bienfaits du porno sont listés. Ne dévalorisons pas ceux qui en font.
L'Internaute s'en prend également à Valentin pour son lien avec La Manif pour tous, mouvement anti-mariage gay en France qui avait donné lieu à des proclamations discriminatoires et des insinuations outrancières totalement décomplexées. Ce lien fut dévoilé par jeanmarcmorandini.com en août 2014 alors que l’intéressé n'avait que 20 ans. Un scoop incroyable mais vrai qui fit un buzz monstre…
On apprenait que le Valentin qui fut présenté comme le petit ami de Xavier Bongibault, le leader « gay » des anti-mariage pour tous, l’avait non seulement quitté mais s’était reconverti dans le porno gay. Son explication : « À l'époque du mariage gay, j'étais le mec de Xavier Bongibault et c'est lui qui m'a convaincu de défiler avec eux. Lors de ma séparation avec Xavier, j'ai voulu casser mon image de catho-intégriste, et pour ça j'ai choisi la solution la plus radicale le porno. Je dois avouer que j'adore ça le porno… »
Certains ne chercheront jamais à comprendre. Jamais ils ne voudront se mettre à la place d’un tout jeune provincial monté à Paris qui, grisé par l’homme qu’il aime et par sa notoriété, fait comme il lui dit de faire. Non, jamais ils ne lui pardonneront. D'autres au contraire se souviennent de leur jeunesse, alors qu'ils œuvraient à se faire une place dans la société. Ils ont pu faire des erreurs monumentales, commettre des choses qui n'étaient pas vraiment eux, qui jouaient même en leur défaveur. Ceux-ci se gardent généralement de jugements définitifs.
« Je suis pourtant gay mais sincèrement c'est pathétique cette photo. Ces gens-là ne représentent absolument pas la réalité. Sans aucunement vivre caché, je me fonds dans la masse et suis très très bien accepté et en plus je vis en campagne. Grotesque 😡 »
« Voilà pourquoi je ne vais jamais à la Gay Pride alors que moi-même étant homosexuel. Je ne comprends pas qu’on puisse porter ses accoutrements en pleine rue. Alors oui c’est une journée LGBT, ce que je peux comprendre en vue du nombre d’homophobes et de violence envers nous. Mais je pense que célébrer une journée de cette manière c’est pas la bonne méthode pour lutter contre l’homophobie. »
Dans son ouvrage socio-anthropologique Réflexions sur la question gay paru en 1999, Didier Eribon fait la remarque suivante : ce qui caractérise l’homosexuel, c’est qu’un jour ou l’autre il est confronté à la décision de dire ce qu’il est. S’il le dit, on lui fait la leçon, on lui dit qu’il en fait trop. S’il ne le dit pas, non seulement il se met dans une situation d’infériorité, mais on se moque de lui derrière son dos. Dans un monde hétéronormé, L’homosexualité demeure l’étrangeté, le « grotesque » pour reprendre le mot utilisé plus haut par l’Internaute.
Toujours dans son ouvrage, Didier Eribon fait ce constat que nous vivons dans un monde d’injures homophobes. Pour s'en protéger, les homos sont alors tentés de donner des gages de normalité en dénigrant ceux qui transgressent la norme. Sont visés les « folles », les « efféminés », les « SM », les « trop sexuels », « les trop flamboyants », etc. Cette façon de voir est le produit d’une homosexualité intériorisée. Ou dit autrement, c’est de l’homophobie d’homo.
Qui sont ceux qui se disent aujourd'hui fiers d’être gays à n'avoir jamais été des homos homophobes ?
Considérer que la « vraie vie » ne peut s’épanouir que dans le cadre des seuls normes hétérosexuelle de « virilité » et « bon goût », c’est se couper les ailes et refuser aux autres de vivre pleinement leur vie.