Oui ou non ? Est-il possible de collaborer avec des créateurs de contenus X gay qui affichent leur soutien à des politiciens d’extrême droite LGBTQphobes, antivax et putschistes ? Samuel Hodecker et Jerri Gomes n’ont pas le même avis

La condamnation de Jair Bolsonaro par la première chambre du Tribunal suprême fédéral le 11 septembre dernier a marqué l'histoire du Brésil. L'ancien président a été condamné à 27 ans et trois mois de prison pour tentative de coup d'État. La décision ne sera toutefois pas appliquée immédiatement. Les avocats de Bolsonaro peuvent encore faire appel, et ce n'est que lorsqu'aucun autre recours ne sera possible que la peine pourra s'exécuter. Suite à cette condamnation, les réactions sont bien sûr innombrables. Alors que sa scène avec Koki Castillo vient de sortir chez MenAtPlay…
- Photos : Spanish Cruising Spot Part 3 / MenAtPlay
… le Brésilien Samuel Hodecker n’a ainsi pas mâché ses mots sur Facebook, rappelant au passage la calamiteuse gestion du Covid de Bolsonaro : « Pour toutes les vies que vous avez niées pendant la pandémie, pour toute la dérision que vous avez manifestée avec les morts, pour nous tous qui avons perdu quelqu'un à cause de vous, pour votre négligence, pour chaque coup d'État que vous avez fait contre notre démocratie, pour tout le mal que vous avez toujours fait à notre Brésil. Notre drapeau. Notre patrie. Notre souveraineté. Jair Bolsonaro, qui ferait mieux de se préparer pour son arrestation, est CONDAMNÉ ! »
Et le même jour sur X, Hodecker a dénoncé l'hypocrisie de certains de ses collègues :
Certes. Mais deux contre-arguments sont apparus au cours de la conversation sur X. Et nous y avons ajouté un troisième…
Un certain Gay Goiás lui oppose ceci : « Il ne sert à rien de célébrer l'arrestation de Bozo si une partie des revenus de vos abonnés provient de Bolsonaristes gays. Si vous voulez vous engager dans l'activisme, faites-le pleinement et indiquez d’une façon claire que les abonnés de droite ne sont pas les bienvenus sur vos plateformes +18. » Une remarque apparemment logique. Pourquoi fustiger un politicien si c’est pour accepter l’argent de ceux qui votent pour lui ?
Réponse d'Hodecker ? « La plupart de mes abonnés ne sont même pas Brésiliens 👍🏻 » Hum… Il esquive. Cela peut en effet donner l’impression qu’il n’afficherait pas le même mépris envers Bolsonaro si tous ses abonnés étaient des Brésiliens et qu’un pourcentage conséquent d’entre eux étaient des Bolsonaristes.
Notons toutefois que Gay Goiás opère un glissement sémantique en mettant à égalité « Bolsonaristes gays » et « abonnés de droite ». Or être de droite ne veut pas dire être d’extrême droite. Bolsonaro est d’extrême droite. Hodecker aurait donc pu répondre qu'avoir des abonnés de droite ne lui pose pas de problème car ils ne sont pas - de ce seul fait - des Bolsonaristes. Mais cela n'aurait-il pas été une autre esquive ? En France - et peut-être est-ce aussi le cas au Brésil -, de plus en plus de politiciens et de personnalités médiatiques étiquetés « droite », « centre » et « gauche » reprennent à leur compte le discours de l'extrême droite. La confusion est totale !
Notamment à l'affiche du film Lay It on Thick, un trio avec les TTBM Andy Rodrigues et Gabriel Coimbra…
- Photos : Lay It on Thick / NakedSword X Rhyheim
… Le créateur de contenus/acteur studio Jerri Gomes a lui fait cette remarque : « Mais si nous procédons ainsi, nous ne pourrons plus avoir de relation avec aucun partisan de Bolsonaro sur la planète. Par exemple : le monsieur de la boulangerie, le directeur du gymnase, notre camarade de classe… Être politique, ce n'est pas seulement une question de politique partisane, c'est aussi une question de politique sociale. Et puis, on tourne et on se casse, haha (mon avis). »
Hodecker lui répond : « Cher ami, je comprends ton avis, mais je ne suis pas d'accord, car je pense que, précisément dans notre travail, nous pouvons choisir avec qui nous collaborons. Je filtre et je continue de tourner avec beaucoup de gens, simplement en suivant un principe qui m'est propre. Et je pense que cela en dit long sur la personnalité, car il ne s'agit pas simplement de « tourner puis de se casser ». Si je défends une communauté, une cause, un parti politique, cela n'a aucun sens pour moi de m'associer à quelqu'un qui soutient le contraire, qui défend la suppression de nos droits, ou même à des personnalités qui sont responsables de plus de 700 000 morts. Donc, ce n'est pas vrai que nous ne pouvons pas décider : nous pouvons, et nous devons, car au final, c'est une question de cohérence entre ce que nous disons et ce que nous faisons, mais je comprends ton avis. »
À TV & Reality+, un Brésilien abonné à Hodecker qui affirme que jamais il ne suivrait un « p*** Bolsonazi », Gomes maintient son opinion : « Les Bolsonaristes sont, EN GÉNÉRAL, horribles. Mais refuser d'être en relation avec eux – on parle ici de manière professionnelle – juste parce que ce sont des Bolsonaristes est un peu extrême. C'est mon avis, c'est tout. Je comprends le tiens. ✌🏽 » Si l'on comprend bien Gomes, un Bolsonariste n'est pas obligatoirement « horrible ». Il pourrait aussi s'agir de quelqu'un d'agréable ou tout du moins d'une personne avec laquelle on peut baiser sans se poser de question. L'important, c'est en effet le boulot.
WOAW !!! Il faut avoir une force mentale ou être dans le déni pour penser comme Jerri Gomes. Car si l'on n'est pas soi-même d'extrême droite ou qu'on n'a pas quelques sympathies pour ce courant politique, comment ne pas éprouver un malaise et une envie de ne pas côtoyer des hommes qui le sont ouvertement ? D'autant plus quand il s'agit de les embrasser, de les sucer et de baiser avec. À moins que, au-delà de la nécessité impérieuse de gagner de l'argent, cela masquerait un non-dit. À savoir que les fantasmes sexuels ne suivent pas toujours la droite ligne idéologique qu'on affiche. Prenons deux exemples extrêmes : il y en a qui se répandent en propos homophobes et racistes tout en aimant baiser avec des hommes qui n'ont ni la même couleur de peau, ni la même religion. D'autres encore se proclament anti-bourgeois et anti-racistes et se plaisent à coucher avec des hommes qu'ils mettent dans la catégorie « bourgeois racistes ».